L’origine de la rumba.
Les Espagnols colonisèrent Cuba à partir de 1501 puis les Portugais et enfin les Anglais importèrent jusqu’en 1860 trois millions d'esclaves noirs qui ont apporté leurs cultes et leurs rites leurs rythmes (cultes Vaudou)…Très progressivement à la fin de l’esclavagisme en 1886 la lente intégration des noirs fit disparaître le caractère religieux de ces rites pour créer une nouvelle expression du peuple métis. Ainsi, les apports rythmiques africains fusionnèrent avec des éléments mélodiques créole d’origine hispaniques.
Les instruments rythmiques étant souvent interdits, les noirs utilisèrent des caisses de bois (de morue) remplacées par le tambour cubain ( barrique recouvert d’une membrane ) et complétée de petites caisses de savon ou boîte de cigares pour produire un son grave et un son aigu à l’aide de cuillères. Puis les claves (cylindres de bois) articulaient la structure mélodique et commandèrent toutes les percussions. Leur rythme syncopé seul est déjà compliqué pour nous les Européens : la première mesure comportant 2 contretemps est typiquement africaine et deuxième mesure est plus hispanique. Elles ne sont pas frappées au même rythme : soit (en rouge)
1 & 2 & 3 4 & /5 6 7 8 ou
_________ _________ _____ / . ____ ____ .
noire pointée, noire pointée, noire, soupir, noire, noire, soupir
en tenant compte de la durée du son difficile à obtenir avec la clave.Ce rythme est complété par celui des congas et des maracas et du guiro .
La rumba était d’abord une fête qui commençait par un chant puis l’introduction terminée le danseur composait des gestes mimétiques, variés selon les paroles de la chanson ou les personnages imités ou parfois animalesque (comme le coq faisant la cour à ses poules). Il fallut attendre 1917 pour qu’une danse en couple naisse à La Havane dans les milieux afro-cubains. Les premiers mouvements pelviens de l’homme symbolisent le désir de possession de la femme qui le séduit par son charme…En tous cas, la rumba, se veut l'interprète de l'amour entre l'homme et la femme.
Mais cette belle musique hybride agréable issue des classes populaires possédait d’immenses possibilités d’adaptation. Elle inspira des musiciens cultivés qui l’exportèrent aux États-Unis sous forme dancing appelée « rumba américaine » ou «rumba carrée». La rumba se ralentit aussi sous forme de boléro.
Cette rumba (américaine) arrive en France à partir de 1920 mais est dansée sur le rythme de la mélodie vite vite lent (ou LVV) les pieds dessinant un carré.
Un grand professeur Anglais M Pierre très célèbre à Londres fut chargé de mener une étude sur la rumba ; Il se rendit à Cuba à la fin de la guerre pour comparer les techniques de rumba, visita tous les dancings. Il fut sidéré de constater que les cubains ne dansaient pas sur la mélodie mais sur la clave. Chargé de nommer toutes les variations et de standardiser cette danse, il mit au point et la « rumba cubaine » dansée à contratiempo (. 234 . 234) qui s’imposera avec difficultés comme danse de compétition après plus de 10 ans de concurrence avec la rumba carrée (v v L, v v L) (les deux systèmes étaient admis en compétition).Devant de telles difficultés M Pierre renoncera à faire danser sur le rythme syncopé de la clave.
De nos jours, la Rumba se danse sur des musiques à 4 temps : une rumba ralentie proche du boléro. Le 1er temps étant obligatoirement le temps fort on commence cependant sur le 4 (/1) et on fait 3 pas par mesure sur les temps 2, 3 et 4. La rumba de compétition se danse avec un mouvement cubain (à contratiempo) Pour réaliser une figure, il faut au moins 2 mesures rythmiques la 1° et la 2°n’étant pas identiques. La rumba américaine continue à être dansée le pas avant sur le temps fort (à tiempo) mais on y retrouve de nombreuses figures identiques à la rumba cubaine. Les Européens eux-mêmes en dancing ont quelquefois des difficultés à ne rien faire (avec les pieds) sur le temps 1 et dansent sur les temps 123./567. au lieu de .234/. 567/. (en réalité on compte. -234/.234 comme si les 2 mesures étaient identiques).
En conclusion, la rumba est la plus lente des danses latines mais aussi la plus difficile au plan rythmique. Issue d’un genre musical hybride, elle est au carrefour de nombreuses influences, issue des couches inférieures sociales elle séduit les musiciens les plus cultivés, en tant que danse elle s’accommode de plusieurs styles différents.